Entrée administration.
L'intérêt pour l'histoire des villages et le monde rural ancien est incontestable actuellement. Il ne s'agit pourtant pas de s'attendrir sur un passé révolu et il n'est pas possible de regretter la vie de nos anciens qui fut très difficile.
Au détour d'un bosquet ou d'un vallonnement, le village est toujours là pour ravir les yeux et interroger l'homme.
Au bout de la courbe d'un chemin, au milieu des formes arrondies des bois, l'harmonie magique des toitures dominées par l'église est toujours une surprise. Des milliers de tableaux s'offrent à nous dans le paysage rural de la France.
Et le rêve est toujours le même : des hommes, un jour, sont venus s'installer là, au creux de la falaise, au bord de cette rivière, sur le rebord de ce plateau, et l'histoire s'est mise en route à travers les sentiers de la découverte.
N'est-il pas passionnant de partir à leur rencontre sur les sentiers de la mémoire ?
Primitivement appelé Li Pere, le village est situé dans le creux d’une cuvette, sur la rive gauche du ruisseau de la Petra di Leva. Ce site qui était autrefois occupé par une immense forêt de chênes-verts, a été fréquenté dès les temps préhistoriques. On y a trouvé des objets lithiques, des céramiques, des meules à grain portatives et même des gravures rupestres.
D’après la tradition orale, l’ancien village était au fond de la vallée sur le plateau de I Quarceti, près des ruines de la chapelle préromane de Santa Barbara, qui est, elle-même, au centre d’une enceinte mégalithique.
Au VIIIème siècle, lors de l’arrivée des sarrasins dans le Celavu, la population, comme celle de tous les villages de la vallée, se replia sur la montagne. Elle suivit la voie naturelle qui la conduisait, le long de la rivière, au pied de la Rocca Vechja, où quelques années plus tard, le comte Salasco devait édifier son castel.
D’après la chronique de Giovanni della Grossa, le comte romain Ugo, vainqueurs de sarrasins à Aleria, attribua des fiefs à ses vaillants guerriers. A Salasco, fils de Dardano, il donna tout le bassin du Celavu, où le nouveau seigneur bâtit le château de Pipella. Cette construction s’élevait sur la pointe de Cucuroddu aujourd’hui appelée Castiddacciu. On y voit encore les ruines d’un mur d’enceinte et les arases d’une tour ronde. C’est probablement à cette époque que fut bâtie la première église de saint Laurent, au sommet de la colline à l’ouest du village, là où s’élève le calvaire de San Larenti Vechju.
Au cours du temps cet édifice qui ressemblait plus à un fortin qu’à une église fut brûlée trois fois par les envahisseurs.
Au moyen-age, un autre rocher, véritable nid d’aigle, connu sous le nom de Casteddu di Sampieru fut fortifié.
Le village s’est agrandi autour des premières maisons de A Barrulaccia et de U Fondu.
Les sources principales étaient Casavechja, Funtanoni et L’Usciateddu.
Sur un replat de la colline qui barre l’horizon vers la mer, se trouve le hameau de Salasca, autrefois résidence des Salaschi, descendants du comte Salasco. En 1260, ces hommes belliqueux avaient pris la tête d’un mouvement populaire contre les Cinarchesi, mais Giudice les anéantit et leur retira définitivement leur titre de seigneurs.
Plus bas, le long de la route qui mène à Cutuli è Curtichjatu s’étire le hameau de L’Olmu.
Le clocher a été achevé en 1896, il s’élève sur la place de la chapelle de A Nunziata, à laquelle était adossé le presbytère construit en 1705 par le curé de Peri, l’abbé Ange Louis Valentini (de Pastureccia di Rustinu) parent de la mère de Pascal Paoli. Ce prêtre mort le 19 avril 1710 repose dans la dite chapelle.
La chapelle de A Nunziata a été érigée vers 1460 par Giannoni Francesco, gentilhomme d’obédience génoise. Le chœur de cette chapelle, séparé de la nef par une grille en fer forgé, est dédiée à N.D. du Rosaire et a été fondé en 1665 par le colonel Francesco Maria Peri, officier au service de la République de Venise en souvenir de la victoire remportée le 25 Mars 1648 sur Méhémet Techiely, pacha de Bosnie (acte du notaire Pietro Spoturno d’Ajaccio du 28 juin 1665). Ce colonel s’était rendu en Corse après avoir obtenu l’autorisation du gouvernement de Gênes (17 avril 1665). Il y fit quelques acquisitions mais retourna à Vérone où il s’établit fixé depuis 1652 avec sa femme Daria dans le Palazzo Cigogna à Castelvecchio. Il mourut le 25 février 1675, sans enfant, et laissa la Cappellania du Rosaire de Peri à son frère César, lui aussi colonel.
Le comte Francesco Maria était le père de Gio Batta né le 28 août 1720 à Peri, connu sous le nom de comte Peres, amiral de la flotte de Paoli en 1765. Les Peri qui se fixèrent à Vérone furent agrégés à la noblesse de cette ville en 1664.
Après la tentative infructueuse de la prise de la citadelle d’Ajaccio en octobre 1763, Pascal Paoli se replia à Peri, où il passa trois jours. Angelo Antonio, Giacomo et Filippo Antoni Peri comptaient au nombre de ses amis fidèles.
Au lieu-dit Santa Libarata était le siège de la confrérie Santa Croci. Cette confrérie très ancienne s’est reconstituée après la Révolution sous le vocable de confrérie de A Misericordia et s’est éteinte en 1925. Par la volonté des jeunes du village, une nouvelle confrérie a vu le jour en 2004 sous le vocable de « A Cunfraternita di San Larenzu ». Elle participe activement à la préservation et à la valorisation du patrimoine ainsi qu’à la vie du village, elle rehausse les cérémonies par ses chants polyphoniques notamment lors de la procession et de la messe en l’honneur de Saint Laurent le 9 et 10 août de chaque année.
D’après Les monuments et oeuvres d’art de la Corse
Le canton de Celavu Mizana
François Zarzelli